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Ayimolou Togo

Ayimolou : Un Patrimoine Alimentaire au Cœur d’une Disparité Sociale

Lomé, 10 Octobre 2023 (LoméActu) -Devenu une référence alimentaire à Lomé et dans plusieurs grandes villes du pays, l’Ayimolou s’est intégré au fil du temps dans les habitudes de chaque Togolais. Aujourd’hui, l’Ayimolou n’est plus ce plat du peuple, car les espaces de sa production et consommation deviennent des lieux de reconnaissance des différentes classes sociales : « Dis-moi où tu manges ton Ayimolou, je te dirai qui tu es… ».

C’est une évidence, la beauté du ayimolou est à présent proportionnelle à l’endroit où tu l’achètes. Comme du bon vieux vin, ce plat mythique des Togolais se bonifie avec le temps, mais ne résiste pas à la gentrification togolaise. Une situation qui dévoile l’énorme disparité entre le bas peuple et la population nanti.

Une table de vente d'ayimolou du quartier

D’un simple plat à l’Ayimolou de luxe

Avant, c’était le lieu où toutes les classes sociales se retrouvaient. Riches comme pauvres se mélangeaient chez les revendeuses d’Ayimolou. Les temps ont changé.

De nos jours, l’avènement des réseaux sociaux avec la propagande du personal Branding casse les codes. Plus personne ne veut se mélanger. La nouvelle mode est de commander le repas en étant chez soi. L’appellation du Ayimolou 2.O ou de luxe voit le jour. Des brunchs d’Ayimolou naissent partout dans la ville avec des sommes mirobolantes pour la participation.

On a même vu apparaître des enseignes proposant la livraison pour les « chocos », comme E-Ayimolou. Et les plus fortunés peuvent s’offrir une assiette allant de 2000 francs à 8 000 francs CFA. Ne parlons même plus des restaurants et des hôtels qui l’insèrent dans leurs menus.

Plat d'Ayimolou de luxe

Ayimolou et les Togolais

Avec le salaire d’un manœuvre ou d’un ouvrier non déclaré, comment peut-il se permettre de s’offrir l’ayimolou de luxe au petit déjeuner, au déjeuner ou au diner. Avant, si on va chez les revendeuses, c’est pour manger ce qui nous rassasie, sans se soucier des ingrédients qui vont l’accompagner. Aujourd’hui, même les revendeuses te jettent un regard assassin si tu achètes un plat sans viande.

Consommer sur place est devenu l’apanage des classes populaires, tandis que les « chocos », membres des classes moyenne et supérieure, préféreront prendre leur plat à emporter pour le manger à domicile.

Si vous passez à Lomé ou dans une autre ville du Togo, n’hésitez pas à s’en procurer. Le plat se prépare à base de riz et d’haricot puis est accompagné de nougbagba, ébéssé fionfion (piment noir) ou simplement avec du piment en poudre et de l’huile d’arachide ou végétale. Il est aussi connu sous d’autres appellations comme « Watchè » en Côte d’Ivoire, ‘’Atassi’ ’au Benin et ‘’waykee’’ au Ghana. Vous pouvez l’assortir avec du poisson, des œufs ou encore de la viande.

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