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Coup d'État au Niger : Le chien aboie, la caravane passe

Coup d’État au Niger : Le chien aboie, la caravane passe

Niamey, 28 Juillet 2023 (Lomé Actu)- Depuis des décennies, l’Afrique a été témoin de nombreux coups d’État qui ont bouleversé l’ordre politique et engendré des appels internationaux pour les condamner. Pourtant, malgré ces condamnations véhémentes, l’histoire a souvent montré que les putschistes finissent par s’installer au pouvoir et être peu à peu légitimés.

Un exemple récent de cette réalité est le coup d’État survenu au Niger, où les appels des pays pour dénoncer l’acte n’ont pas empêché les coups de force de prospérer.

Le Niger, pays d’Afrique de l’Ouest, a été secoué par de nombreux coups d’État depuis son indépendance de la France en 1960. Cependant, malgré les appels internationaux pour la préservation de la démocratie, la situation s’est souvent répétée, et le dernier coup d’État en date souligne cette réalité troublante.

Le 26 juillet, des soldats de la garde présidentielle ont déclaré avoir écarté le président Mohamed Bazoum du pouvoir. Cette éviction, qui constitue le huitième coup d’État que le pays a connu depuis son indépendance, a immédiatement suscité des condamnations de l’Union africaine et d’autres pays étrangers comme la France et les Etats-Unis. La communauté internationale a dénoncé fermement cette atteinte à la démocratie et exigé le rétablissement de l’ordre constitutionnel.

Pourtant, malgré ces déclarations fermes, les putschistes semblent souvent peu affectés par les condamnations. Le colonel Amadou Abdramane, qui a lu la déclaration télévisée annonçant la destitution du président Bazoum, a affirmé agir en réponse à la détérioration de la sécurité et à la mauvaise gouvernance. Ce genre de justification est fréquemment avancé par les putschistes pour légitimer leurs actions et tenter de rallier le soutien de la population.

La caravane du coup d’État semble donc passer malgré les aboiements de la communauté internationale. Les putschistes prennent le contrôle de l’État, suspendent les institutions démocratiques, et dans certains cas, commencent même à être acceptés comme des acteurs politiques légitimes. Les inquiétudes suscitées par la dégradation de la situation sécuritaire et la mauvaise gouvernance peuvent parfois servir de justification à leur montée en puissance.

Un tel schéma s’est malheureusement répété à maintes reprises dans d’autres pays africains.

On se souvient du Mali en 2012, où les putschistes ont pris le pouvoir sous le prétexte de lutter contre la corruption et le terrorisme, et ont finalement été intégrés dans le gouvernement de transition. De même, en Guinée en 2008, le capitaine Moussa Dadis Camara a pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État et a dirigé le pays jusqu’en 2010.

Ce constat montre que les appels pour condamner les coups d’État peuvent parfois être insuffisants pour empêcher les putschistes de s’installer au pouvoir. Les racines profondes des problèmes politiques et socio-économiques dans de nombreux pays africains, combinées aux intérêts géopolitiques et aux rivalités internationales, peuvent créer un environnement propice aux coups de force.

Face à cette réalité troublante, il devient crucial pour la communauté internationale de redoubler d’efforts pour promouvoir la stabilité politique, le respect de l’ordre constitutionnel et la bonne gouvernance en Afrique. Lutter contre les causes profondes des coups d’État, renforcer les institutions démocratiques et soutenir les initiatives de développement économique et social sont des éléments essentiels pour prévenir de futures crises politiques et sécuritaires.

Le coup d’État au Niger est un rappel poignant que le chien aboie, mais la caravane continue son chemin. La communauté internationale doit agir de manière plus coordonnée et décisive pour s’attaquer aux facteurs sous-jacents qui conduisent à ces crises récurrentes, afin d’éviter que d’autres pays ne sombrent dans l’instabilité et la violence.

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