Football : Pourquoi y a-t-il si peu d’entraîneurs africains à la tête des grands clubs ?
Le Maroc accueille actuellement les 23 meilleurs techniciens africains qui ont été sélectionnés par l’instance dirigeante du football africain pour passer la licence CAF pro.
«La liste des 23 entraîneurs qui ont été soigneusement sélectionnés à travers un processus de sélection rigoureux comprend les entraîneurs vainqueurs actuels de la compétition interclubs TotalEnergies CAF, Walid Regragui (vainqueur de la Ligue des Champions), Florent Ibenge (vainqueur de la Coupe de la Confédération) et Pitso Mosimane (trois fois vainqueur de la Ligue des Champions). ), pour n’en citer que quelques-uns. Malgré une pléaïde d’entraineurs on note une absence de ceux-ci à la tête des grands clubs.
« Il y a plein de joueurs noirs mais aucun entraîneur », commente Florent Ibenge, le sélectionneur des Léopard.
« On peut jouer mais pas diriger : peut-être que le Noir est juste fait pour exécuter », ironise l’ancien international congolais. Pourtant, « des gens sont là, formés, à qui on ne veut pas faire confiance » ajoute Florent Ibenge qui regrette « qu’on [ne soit] pas encore prêt mentalement à les prendre ».
Situation similaire sur le continent
Et le comble, c’est que même sur le continent africain, nombre d’équipes nationales font appel à des sélectionneurs étrangers, à l’image du Maroc qui vient d’engager le Français Hervé Renard comme sélectionneur des Lions de l’Atlas, après avoir remporté par deux fois la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en 2012 avec la Zambie et en 2015 avec la Côte d’Ivoire.
C’est l’un des chevaux de bataille de Florent Ibenge. « Nous, Africains, demandons à nos dirigeants de ne plus mettre en avant des critères discriminatoires comme la race ou la nationalité », martèle le sélectionneur de la RD Congo.
Les raisons
Selon le sociologue Patrick Mignon, ces inégalités sont caractéristiques du foot professionnel mais pas du foot en général: « Chez les amateurs, il y a une forte présence des entraîneurs issus de l’immigration, qui correspond à la démographie des clubs et des villes dans lesquelles ils évoluent ».
Selon les registres de l’Unecatef (le syndicat des entraîneurs français), aucun entraîneur noir ne figure parmi les 26 titulaires du BEPF (brevet d’entraîneur professionnel de football), le plus haut diplôme d’entraîneur destiné aux sportifs de haut niveau.