Retour sur le voyage épique d’un homme du Togo au Groenland
En 1965, Teté-Michel Kpomassie quitte sa patrie africaine pour une nouvelle vie au Groenland, troquant plages ensoleillées contre fjords glacés et nourriture épicée contre phoque bouilli. Maintenant, à 80 ans, il envisage de se retirer dans sa « maison spirituelle »
Le salon chaleureux de la maison parisienne autrement soignée de Tété-Michel Kpomassie a une table basse au milieu de celle-ci remplie de souvenirs – une montagne d’images en noir et blanc, de lettres et de journaux manuscrits. C’est une archive de la vie intrépide et non conventionnelle d’un homme remarquable à ce jour. En équilibre sur les fichiers et dossiers surchargés se trouve un livre en lambeaux, ses pages fanées. Sur sa couverture se trouve le portrait d’un Inuk vêtu d’une veste en peau de phoque, debout à côté d’un rivage glacé. Le titre se lit Les Esquimaux du Groenland à l’Alaska ( Les Esquimaux du Groenland à l’Alaska ). C’est une œuvre non romanesque de 1947 écrite par l’anthropologue français Robert Gessain.
Un aimant m’attirait, alors j’ai fait mes valises et je suis parti, en secret
Ce que faisait une étude universitaire sur les Inuits dans les rayons d’une petite librairie missionnaire chrétienne dans les années 1950 à Lomé reste un mystère. Kpomassie est tombé dessus alors qu’il se remettait d’un accrochage au sommet d’un arbre avec un serpent. La seule explication à laquelle il peut penser, après des années de réflexion, est que le trouver était son destin – une conséquence indéniable d’un destin prédéterminé.
« Je l’ai ramassé, ne comprenant pas les mots devant moi », dit Kpomassie, ses yeux s’illuminant alors qu’il raconte ce matin. « Mais l’homme sur la couverture me souriait. Nous avons eu une connexion, un échange. Intrigué, Kpomassie acheta le livre, s’assit sur la plage et le dévora d’un bout à l’autre. Une fois terminé, il le relut encore et encore.
« Dès la minute où je l’ai terminé, dit-il, je n’ai jamais cessé de penser au Groenland, mon pays. Cela résonnait en moi. Je ne le comprends pas. Mais un aimant m’attirait, alors j’ai fait mes valises et je suis parti, en secret.