RGPH-5 : Anani Sossou pointe du doigt un défaut de pédagogie et de communication
Le 23 octobre dernier, le ministre de l’administration territoriale et des collectivités locales a lancé en grande pompe le 5è recensement général de la population et de l’habitation.
Sur le terrain, les 14.500 agents recenseurs qui sillonnent les 117 communes du territoire peinent à convaincre les populations à se faire recenser, à renseigner sur les questionnaires édictés par la direction de la statistique, le Fonds mondial des Nations unies pour la population et le gouvernement togolais. Et pour cause. La pédagogie et la sensibilisation qui devraient prévaloir avant le début de ce RGPH-5 n’étaient pas au rendez-vous.
Pas faute de moyens financiers, puisque ce recensement a été financé à hauteur de plus de 8 milliards de fcfa par l’UNFPA, mais parce que l’agence de communication recrutée pour ce travail d’Hercule n’est pas à la hauteur, ne maîtrisant pas les rouages d’une communication réussie dans pareil événement.
Au préalable cette structure devrait associer tous les médias, presse écrite, en ligne, les 80 radios communautaires, les télévisions, les influenceurs sur les réseaux sociaux, ceux dont les voix portent, les chefs cantons, de villages, de quartiers, les associations communautaires etc, afin que les Togolais soient informés de la nécessité de ce recensement, ce qu’il va changer dans leur vie, des objectifs poursuivis en répondant à tous les nombreux questionnaires contenus dans les fiches des agents recenseurs.
Or des sources nous apprennent que sur 300 millions de fcfa dédiés à la communication, à la sensibilisation et à la pédagogie, seuls 10 millions sont effectivement mis à la disposition d’une vingtaine de médias seulement sur plus de 150 titres qui informent régulièrement. C’est dire.
L’autre réalité que ce recensement occulte est qu’en filigrane la question de la taxe d’habitation dont l’implémentation devrait commencer en janvier 2023 a bel et bien une grande place dans ce recensement. Sur le terrain les agents recenseurs nient cette évidence. Or les questions sur l’habitation ne sont pas seulement libellées pour connaître comment et où vivent les populations mais de dénombrer les habitations qui seront soumises à cette taxe. Dans ce pays où la parole de l’État est désacralisée, la transparence devra être de mise pour une adhésion totale.
Les Togolais à travers ce recensement ont l’impression d’être espionnés pour des prétextes liés aux prochaines élections régionales, législatives et présidentielles et ils n’ont pas tort puisque la pédagogie, la sensibilisation et la communication ne sont pas à la hauteur d’un tel événement national.
L’autre grossièreté est que les agents recenseurs se permettent au-delà de toute éthique, d’enregistrer à leur insu les personnes recensées ou qui sont réticentes au recensement. Qui leur a donné ce droit? Peut-on enregistrer des compatriotes dont les voix peuvent être reconnues à leur insu dans un pays dans lequel tout est si politisé, où la peur du gendarme est une effectivité?
Ce recensement prend fin le 12 novembre prochain. Il reste donc deux semaines pour rectifier le tir, pour que les décideurs tapent du point sur la table pour soumettre l‘agence chargée de la communication à ses devoirs, à remplir son cahier de charges en associant tous les acteurs pour que cela ne soit pas un fiasco et que les plus de 8 milliards de financement soit une perte ou que cela aille remplir les poches de véreux personnages qui profitent chaque fois de telle occasion pour se remplir les poches.
RGPH-5 : Analyse faite par Anani Sossou