Guerre Israël-Hamas : Le président Erdogan a choisi son camp
Ankara, 26 octobre 2023 (Lomé Actu) – Lors d’un discours devant le groupe parlementaire à la Grande Assemblée nationale de Turquie, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé son rejet catégorique de tout voyage en Israël et a réaffirmé son soutien inébranlable au peuple palestinien.
Pendant plusieurs années, le président Erdogan a personnellement fait du sort des Palestiniens une question essentielle. Avec des déclarations franches et un ton ferme, il a fréquemment confronté les dirigeants israéliens au sein d’organismes internationaux majeurs.
Se positionnant en défenseur du monde musulman, il a constamment condamné les violations des droits des Palestiniens. Lors de son discours au Parlement, il a fait une déclaration sans équivoque :
« Nous n’avons pas de problème avec l’État d’Israël, mais nous n’avons jamais approuvé et n’approuverons jamais les atrocités commises par Israël et sa manière d’agir comme une organisation plutôt qu’un État. Le Hamas n’est pas une organisation terroriste, mais un groupe de libération et de combattants luttant pour protéger leurs terres et leurs citoyens. »
Pendant de nombreuses années, la Turquie a accueilli des dignitaires du Hamas, même si elle a récemment tenté de se réconcilier avec Israël. Cependant, la déclaration actuelle d’Erdogan risque de compromettre davantage les relations entre la Turquie et Israël.
Pour le moment, il n’a pas été question de noms ni de dates en ce qui concerne les sanctions potentielles. Une source diplomatique indique cependant que les sanctions ne seront pas mises en œuvre avant consultation avec la CEDEAO, qui reste le principal interlocuteur de Niamey dans la crise au Niger.
Par ailleurs, le ministère israélien des Affaires étrangères a vivement critiqué les remarques de Recep Tayyip Erdogan, l’accusant de « défendre l’organisation terroriste. »
Selon le ministère, « Même les tentatives du président turc de défendre l’organisation terroriste et ses propos provocateurs ne changeront rien aux horreurs que le monde a constatées, ni à cette vérité indiscutable : le Hamas équivaut à l’État islamique. »
Parallèlement, le président turc a annoncé l’annulation de ses projets de voyage en Israël et a critiqué sévèrement l’incapacité des puissances occidentales à mettre fin à la guerre à Gaza. Erdogan a déclaré :
« Nous avions l’intention de nous rendre en Israël, mais c’est annulé. Nous n’irons pas. » Il a également mentionné sa rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en septembre à New York : « J’ai serré la main de cet homme, nous avions de bonnes intentions, mais il nous a trompés. Les relations auraient pu être différentes, mais malheureusement cela n’arrivera plus. »
Nicolas Monceau, maître de conférences en sciences politiques à l’Université de Bordeaux, a expliqué que les bombardements à Gaza étaient la principale raison de ce revirement d’Erdogan.
Il a analysé que « la position modérée du président turc après les attentats du Hamas s’explique par le contexte régional et le rapprochement entre la Turquie et Israël qui était en cours depuis plusieurs mois.
Donc dans un premier temps, la position du président turc a été une position modérée, à chercher à adopter une position d’équilibre entre Israël d’un côté et le Hamas de l’autre. Et par la suite, les bombardements sur Gaza ont fait basculer le président turc et l’ont conduit à adopter une position ferme et critique à l’égard d’Israël. »