Il achète un masque gabonais à 150 euros et le revend à 4 millions : Le Gabon porte plainte
Libreville, 31 Octobre 2023 (LoméActu) -4 millions d’euros. C’est la valeur qu’un masque traditionnel gabonais a prise sur le marché, à quelques mois d’intervalles. Un brocanteur l’avait acheté à un couple de retraités, en septembre 2021, dans leur maison secondaire du Gard, pour la modique somme de 150€.
Après estimation de sa rareté, la pièce avait été vendue 4,2 millions d’euros dans une vente aux enchères à Montpellier, en mars 2022. Il s’agit effectivement d’un masque chargé d’histoire et de mythe : l’arme de justice secrète des chefs de la communauté Ngil gabonaise, dont il n’existerait plus qu’une dizaine d’exemplaires dans le monde.
Parole contre parole, les deux parties se sont disputé sa propriété au tribunal d’Alès, ce mercredi 31 octobre 2023. Seul levier juridique pour faire annuler la vente : une erreur commise sur l’estimation des qualités du masque.
Le Gabon porte plainte
L’annulation d’une transaction étant bien encadrée dans la loi, seule une erreur établie dans le contrat de vente, pourrait, dans ce cas précis, rendre le masque aux Fournier. Or selon maître Pijot, « ce que le vendeur avait la conscience de vendre et ce que l’acheteur avait la conscience d’acheter, c’était un masque africain, troué, à restaurer, avec du raphia et une boucle d’oreille rouge » – sous entendu : comme indiqué dans le contrat.
Son client maintient effectivement qu’il n’avait pas idée de la rareté de l’objet au moment de la vente. Rareté qu’il a réalisée plus tard, après expertise.
Les Fournier réclament l’annulation de la vente et 300 000 € de dommages et intérêts. Le brocanteur, lui, dit leur avoir proposé cette somme après avoir expertisé l’objet. Mais depuis la traduction de l’affaire en justice, il retire aujourd’hui cette offre et souhaite garder le fruit de la vente aux enchères.
Il est possible qu’aucune des deux parties n’obtienne gain de cause : le Collectif Gabon Occitanie et l’Etat gabonais ont porté plainte. Ils réclament le retour du masque sur ses terres d’origine.