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Tchad : La victoire de Mahamat Idriss Deby fait des morts

Après l’annonce des résultats jeudi (09.05.2024), N’Djamena, la capitale du Tchad, a été secouée par des détonations et des crépitements d’armes lourdes et légères jusqu’au petit matin. Les coups de feu ont été tirés par des militaires, mais aussi par des civils, partisans du vainqueur déclaré de l’élection, Mahamat Idriss Deby Itno.

Au moins une douzaine de personnes ont succombé à leurs blessures et une soixantaine ont été admises dans les hôpitaux de N’Djamena et de province. C’est le cas d’Alliance Djekouayom, blessée à son domicile dans le quartier de Gassi, dans le septième arrondissement de N’Djamena.

Des condamnations


« Hier, on était dehors en train de suivre les résultats de la présidentielle et soudain, j’ai pris une balle au niveau de la fesse. Je suis allée à l’hôpital et on m’a fait une radiographie. Ils ont dit que la balle était ressortie, mais il y a eu des blessures. Je me sens très mal, la douleur persiste », raconte Alliance Djekouayom à la DW.

Le jeune Neldjibaye Madjissem a été aussi victime d’une balle perdue. Il a été atteint alors qu’il était couché dans sa cour.

« Aux environs de 22 heures, j’étais couché tranquillement à la maison et j’ai reçu un coup au niveau du bras. Lorsque je me suis réveillé, je me suis rendu compte que j’étais en train de saigner. J’ai regardé et j’ai compris que j’avais été touché par une balle, que j’ai ramassée. Ce n’était pas facile de sortir de chez moi, comme ça tirait de partout. C’est aux environs de 1h que j’ai pu aller à l’hôpital. Ils m’ont examiné et ils ont dit que ce n’est pas grave. Le personnel de l’hôpital était débordé hier soir. Il y avait des cas graves que j’ai vus au niveau de l’hôpital général de référence nationale. »

La société civile tchadienne dénonce cette situation. Pour Sosthène Mbernodji, coordinateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés, l’Etat doit identifier les responsables de ces tirs et indemniser les victimes.

‘’ Je condamne cette manière de faire. Dans le commandement militaire, il y a un chef et donc il faut établir les responsabilités. Des victimes doivent aussi être dédommagées. Nous ne sommes pas dans un Etat normal, nous sommes dans un no-man’s land où on peut tuer comme on veut. C’est un terrorisme d’Etat qui s’est installé hier et aujourd’hui. C’est la France de Macron qui a laissé faire, qui soutient ce régime, donc elle porte la responsabilité de toutes les victimes au Tchad’’.

Dissuader toute velléité de contestation des résultats
Selon Max Kemkoye, porte-parole du Groupe de concertation des acteurs politiques, qui a appelé au boycott des élections, l’utilisation des armes après la proclamation des résultats visait à décourager les Tchadiens de les contester.

‘’C’est tout simplement une technique de dissuasion qui est pensée parce qu’ils savaient que pendant et après la proclamation des résultats, les gens allaient réagir. Les résultats rendus publics dans une célérité qui défie toutes les logiques en la matière ne peuvent pas exprimer le vote des Tchadiens. Comment imaginer que du 7 au 8, c’est-à-dire en 48 heures, plus de 20.000 procès-verbaux soient transportés de 22 provinces et que dans les mêmes 48 heures, ces plus de 20.000 procès-verbaux soient traités manuellement par des hommes qui ne sont pas des robots. C’est inimaginable’’.

La réaction des autorités tchadiennes chargées de la sécurité, a été cherchée mais celles-ci n’ont pas souhaité réagir pour l’instant.

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