Huitième coup d’État au Niger : Trois facteurs clés derrière les tentatives de renversement du pouvoir en Afrique

Niamey , 26 juillet 2023 (Lomé Actu) – Le Niger a été secoué par une situation tendue lorsque les abords de la présidence nigérienne ont été bloqués par des éléments de la garde présidentielle. Cette tentative de coup d’État contre le chef de l’État déchu, Mohamed Bazoum, a été confirmée par les nouveaux hommes forts à la télévision nationale.

Cette forfaiture démocratique s’inscrit dans l’histoire tumultueuse du Niger, qui a déjà connu sept coups d’État depuis son indépendance de la France en 1960. À travers cet exemple au Niger, nous pouvons identifier trois causes majeures des coups d’État en Afrique.

Instabilité politique et contestations du pouvoir

L’une des principales causes de coups d’État en Afrique réside dans l’instabilité politique qui peut émerger à la suite de contestations du pouvoir en place. Lorsque des dissensions politiques et des tensions internes se manifestent au sein du gouvernement ou des institutions, cela peut créer un climat propice aux actions militaires.

Un exemple marquant de cette cause peut être observé au Mali.

En 2012, le Mali a connu une grave crise politique et sécuritaire qui a conduit à un coup d’État militaire. Des dissensions politiques et des tensions internes au sein du gouvernement ont créé un climat propice à l’action militaire. À cette époque, des groupes rebelles touaregs et des militants islamistes se sont emparés du nord du pays, déclenchant une insurrection armée.

Le président Amadou Toumani Touré a été critiqué pour sa gestion de la situation, ce qui a suscité des manifestations et des contestations contre son gouvernement. Le mécontentement populaire s’est intensifié, alimentant les dissensions politiques au sein des forces armées.

Le 22 mars 2012, un groupe de militaires a mené un coup d’État, renversant le président Touré et suspendant la constitution. Les putschistes ont justifié leur action en arguant de l’incapacité du gouvernement à faire face à la crise au nord du pays et ont promis de rétablir l’ordre et de restaurer l’intégrité territoriale du Mali.

Crises sécuritaires et menace terroriste

Les pays africains font face à des défis sécuritaires importants, tels que les attaques terroristes et les conflits internes. Lorsque les forces de sécurité sont affaiblies ou que les gouvernements ne parviennent pas à assurer la stabilité et la protection de la population, les militaires peuvent être tentés de prendre le pouvoir pour restaurer l’ordre.

Un exemple frappant de cette cause peut être observé en République centrafricaine.

La République centrafricaine (RCA) a traversé une série de conflits armés et de violences causées par des groupes rebelles et des milices. Ces crises sécuritaires ont affaibli les forces de sécurité du pays et mis en péril la stabilité du gouvernement.

En 2013, des groupes armés, principalement issus de la minorité musulmane Séléka, ont renversé le président François Bozizé, déclenchant ainsi une période d’instabilité et de violence généralisée.

En réponse à ces attaques, des milices majoritairement chrétiennes, appelées Anti-balaka, ont été formées pour combattre les rebelles Séléka. Cette spirale de violence a plongé le pays dans une guerre civile sanglante.

La RCA est devenue un terrain fertile pour les groupes terroristes et les bandes armées qui ont profité du chaos pour étendre leur influence. Les groupes tels que la LRA (Armée de résistance du Seigneur) et d’autres groupes rebelles ont semé la terreur parmi la population civile.

Face à l’incapacité du gouvernement à garantir la sécurité et à protéger la population, les militaires centrafricains ont été tentés d’intervenir pour rétablir l’ordre.

En 2013, Michel Djotodia, un ancien chef rebelle de la Séléka, a pris le pouvoir et s’est autoproclamé président. Cependant, son régime a été confronté à de nombreuses contestations et à une poursuite des violences.

Contestation de la légitimité du pouvoir en place

La contestation de la légitimité du pouvoir en place peut également être un facteur déterminant dans la survenue de coups d’État en Afrique. Lorsque certaines factions estiment que le gouvernement actuel n’a pas été élu de manière démocratique ou que ses actions ne reflètent pas les intérêts du peuple, cela peut mener à des tentatives de renversement du régime.

La Guinée-Bissau a été confrontée à de nombreux coups d’État et tentatives de renversement du pouvoir depuis son indépendance en 1974.

Les rivalités politiques et les conflits internes ont souvent conduit à des contestations sur la légitimité des gouvernements en place.

En 2012, le président Malam Bacai Sanhá est décédé, ouvrant ainsi une période d’incertitude politique dans le pays. Suite à son décès, des élections ont été organisées pour élire un nouveau président. Cependant, ces élections ont été entachées d’accusations de fraude et de corruption.

La victoire électorale de José Mário Vaz en 2014 a été contestée par une partie de l’opposition, qui a remis en question la légitimité de son mandat. Des tensions politiques et des rivalités ont émergé entre le président et le Premier ministre, Domingos Simões Pereira, conduisant à une paralysie politique.

En 2015, le président Vaz a limogé le Premier ministre, ce qui a déclenché une crise politique majeure. Cette crise a conduit à des manifestations et à des tensions entre les différentes factions politiques du pays. Certains groupes ont exprimé leur mécontentement face à la gouvernance du président et ont réclamé des élections anticipées pour élire un nouveau gouvernement.

Dans ce contexte de contestation de la légitimité du pouvoir en place, des militaires ont pris les armes en avril 2012 pour renverser le gouvernement, mettant fin à la fragile démocratie du pays. Depuis lors, la Guinée-Bissau a été en proie à une instabilité politique persistante

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